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Simone Veil nous a quittés
Les gynécologues et obstétriciens de France s’inclinent avec respect et tristesse à l’occasion de son décès devant la grande Dame de France que fut Simone Veil. Marquées par le courage et la ténacité, ses actions ont changé substantiellement la vie des femmes de notre pays, symboliquement mais aussi pragmatiquement. Avec une détermination confinant à l’opiniâtreté, faisant passer son dessein devant son destin, elle obtint que ce soient les femmes, et les femmes seules, qui décident pour elles de leur fécondité et de leur reproduction. Ce qui pourrait paraître aujourd’hui comme une évidence, l’autonomie des femmes, n’était tout simplement pas admissible pour une grande partie de l’opinion masculine de l’époque. L’avortement était considéré comme un crime. Les grands principes s’y opposaient dussent-ils en coûter de nombreuses vies de femmes emportées par les complications dramatiques des geste illégaux, mal faits et brutaux. On s’en accommodait comme d’une sorte de punition administrée à celles qui transgressaient les lois d’une certaine transcendance : une « bonne manière » des hommes qui eux n’étaient jamais soumis aux aléas de la sexualité. Les femmes les plus aisées trouvaient bien sûr de bonnes solutions mais les autres restaient sans autre droit que celui de souffrir et parfois même de mourir ou de vivre des séquelles définitives subies dans leur intimité profanée. Mais au-delà des blessures et des séquelles physiques qui touchaient des milliers de femmes chaque année, c’est l’autonomie des patients qui a gagné sa première bataille sur le paternalisme qui prévalait alors. Pour la première fois, c’était la parole de la femme qui primait sur toutes les ratiocinations des hommes. Et il y en eu des faux prophètes pour claironner en chaire la fin de la civilisation, la fin de la virilité et l’apoplexie des couples qui ne survivraient pas bien sûr à cette liberté « décadente » des femmes. Simone Veil a su faire face vaillamment à tous ces imprécateurs tonitruants qui osaient appuyer sur son passé de déportée pour la blesser plus profondément encore dans une bataille parlementaire inédite par sa violence et son outrance. Tout cela pour changer la vie des femmes de France. Une femme politique au sens noble du terme qui servira encore longtemps de modèle et d’exemple. Simone Veil a aussi changé la face de notre discipline médicale, la gynécologie-obstétrique. Elle a modifié les relations entre médecins et patients et a, de fait, initié les droits des patients tels que nous les connaissons aujourd’hui. Alors que le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français lui rendait un vibrant hommage voilà une dizaine d’années en lui conférant le titre de membre d’honneur de notre société savante, elle avait feint de s’en étonner à voix basse : « Les gynécologues-obstétriciens ne m’avaient pas habituée à un tel accueil ». Elle avait eu raison bien avant tout le monde et certains de nos anciens maîtres lui en avaient tenu rigueur. Elle les avait affrontés et avait dû les contourner en créant des centres d’IVG autonomes. Leur comportement était fautif et irresponsable. Désormais, l’IVG est devenue un droit des femmes, même si, comme elle le disait elle-même, « aucune femme ne recourt à l’avortement de gaité de cœur ». Simone Veil restera pour tous les gynécologues et obstétriciens de France celle qui eut l’action la plus déterminante et la plus efficace en faveur de la santé et de la liberté des femmes au XXème siècle.
Pr Israël Nisand, Président du CNGOF
Cancers du sein : veilleurs de la santé des femmes, les gynécologues prennent position en faveur du dépistage. D’après un entretien avec le Pr Israël Nisand, président du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français
Cancers du sein : veilleurs de la santé des femmes, les gynécologues prennent position en faveur du dépistage.
D’après un entretien avec le Pr Israël Nisand, président du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français et chef du service de gynécologie-obstétrique du CHU de Strasbourg
Mieux informer les femmes, les guider utilement pour préserver leur santé et leur qualité de vie, c’est le rôle des gynécologues. Contraception, grossesses, ménopause, prévention, vaccinations, dépistages : spécialistes des pathologies féminines, des petits et grands maux, ces cliniciens sont leur interlocuteur privilégié tout au long d’une vie de femme. A ce titre, ils se trouvent aux premières loges pour constater les évolutions de la santé des femmes, se réjouir des progrès et s’alarmer des reculs dans leur prise en charge, par la société ou par elles-mêmes. Face à un état des lieux jugé inquiétant, la société savante qui rassemble ces spécialistes ne peut se contenter du constat. Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) se doit de prendre sa part dans les débats...> Lire la suite
Cancers du sein : en faire trop? Ou pas assez ? A partir d’un entretien avec le Dr Marc Espié, responsable du centre des maladies du sein de l’Hôpital Saint-Louis à Paris
Sur-diagnostic et sur-traitements sont aujourd’hui les principaux griefs faits au dépistage organisé. Réalité -diversement évaluée- à l’échelle épidémiologique, ce point de vue est ingérable à l’échelon individuel : en l’état de la science, ne pas traiter les petites tumeurs que le dépistage organisé permet de révéler n’est pas envisageable.
A force de chercher, forcément on trouve. C’est ce que pensent certaines femmes, justifiant ainsi leur refus de souscrire au dépistage. En les soumettant à des mammographies régulières, on finirait par diagnostiquer plus de cancers qu’il ne le faudrait : en repérant des lésions de plus en plus petites qui, passant inaperçues, ne se seraient peut-être jamais manifestées cliniquement du vivant des femmes, n’auraient en somme pas menacé leur vie, parce que ce sont peut-être des tumeurs indolentes, qui ne deviendraient jamais agressives. C’est ce que l’on appelle le sur-diagnostic. Et c’est aujourd’hui de loin le principal reproche adressé par ses détracteurs au dépistage organisé : accusé d’en faire trop, et partant d’imposer trop de traitements, aussi lourds et invalidants qu’inutiles. Rappelons avant tout que le dépistage organisé est un programme de santé publique, dont le but est de faire baisser, à l’échelle du pays, la mortalité par cancer du sein, loin d’être négligeable ...> Lire la suite
Que faut-il « craindre » de la mammographie ? D’après un entretien avec le Dr Jean-Yves Seror, radiologue
Que faut-il « craindre » de la mammographie ?
D’après un entretien avec le Dr Jean-Yves Seror, radiologue à Paris, membre de la commission
sénologie du CNGOF.
Désagréable, la mammographie serait également dangereuse. En elle-même, parce qu’elle exposerait inutilement à une radiation toxique, alors que l’on n’est pas « malade ». Et parce qu’elle peut déboucher sur des diagnostics incertains, faussement négatifs, ou faux positifs à l’inverse, sources de grande anxiété. Malgré ces griefs, dont la portée est diversement évaluée, son bénéfice reste réel. La mammographie peut être vécue par certaines femmes comme un moment désagréable, Aucune femme ne se soumet de gaité de cœur à un examen, dont elle sait qu’il peut déboucher sur la révélation d’une anomalie qui pourrait bouleverser sa vie mais également l’obliger à comprimer ses seins fortement pendant quelques secondes. Est-ce un frein ? Selon les évaluations disponibles dans la littérature scientifique, parmi les femmes qui renonceraient à poursuivre le dépistage par mammographie, 25 % à 46 % évoquent la douleur et le désagrément, ce qui représente en Angleterre entre 47 000 et 87 000 patientes par an. « Les constructeurs d’appareils de mammographie travaillent aujourd’hui activement sur le design et les systèmes de compression afin de diminuer cette sensation d’écrasement », confie le Dr Jean-Yves Seror. Par ailleurs, si le matériel ...> Lire la suite
Cancers du sein : refuser dépistage et diagnostic au prix de vies altérées ? D’après un entretien avec le Pr Carole Mathelin, responsable de la commission sénologie du CNGOF
Cancers du sein : refuser dépistage et diagnostic au prix de vies altérées ?
D’après un entretien avec le Pr Carole Mathelin, chef du service de sénologie au CHU de Strasbourg et responsable de la commission sénologie du CNGOF
Entre controverses et amalgames, informations erronées ou raccourcis véhiculés jusque sur le net, les femmes finissent par entendre que le dépistage ne sert à rien, les menace plus qu’il ne les protège. Pire : elles en viennent à suspecter toute la prise en charge des cancers du sein. A la longue, si leur santé se trouve bel et bien en danger, c’est, comme le constatent les praticiens, parce qu’elles consultent plus tardivement. Oubliant que tous les cancers ne se valent pas : traiter une tumeur de 4 mm ou de 20 mm, ce n’est pas la même chose. Ni en termes de survie, ni en termes de qualité de vie.
Les premières campagnes de dépistage, destinées à une population de femmes en bonne santé, sans signes cliniques ou symptômes de maladie ont été initiées aux Etats-Unis à la fin des années soixante, puis dans les pays scandinaves. La France a attendu quelques années avant de lancer à son tour un programme de santé publique. Initialement prévu pour les femmes de 50 à 65 ans, il a été étendu jusqu’à 74 ans. Les modalités en ont été longuement étudiées, avant qu’il ne soit généralisé à l’ensemble du territoire en 2004, après évaluation de campagnes d’abord mises en place dans des départements pilotes. L’Alsace a été de ces pionniers, dès le 15 mai 1989. La région était jusqu’en 2015 de celles où le taux de participation au programme de dépistage organisé dépassait le taux national (56 % dans le Bas Rhin, et 57 % dans le Haut Rhin). Seuls deux départements français .... > Lire la suite